Système trois couches, késako ?

Mai 2014 – Lorsque vous cherchez une veste pour votre tour du monde ou pour une randonnée, vous serez vraisemblablement confrontés au fameux système 3 couches ! Avec ma maigre expérience, je vais essayer de vous faire part de mon point de vue et de ma compréhension de cette combinaison magique.

Les fibres

Avant de me lancer dans une présentation plus détaillée de cette combinaison en 3 couches, voici un petit topo sur les trois grandes familles de fibres que vous pouvez trouver.

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Le coton

Le coton est certainement la fibre textile naturelle la plus produite et la plus consommée au monde. Qui n’a pas de t-shirt en coton chez soi ? À priori, le coton devrait donc se retrouver dans les vêtements techniques outdoor. Et non ! Bien au contraire, de nos jours, le coton semble banni de ce genre de vêtements. Pourquoi ?  Parce que le coton emprisonne la transpiration et ne la transfère pas vers l’extérieur ! Malgré tout, c’est un textile qui supporta plus facilement une exposition au feu de camp ou à tout autre source de chaleur ce qui en accélérera le séchage.

À retenir Le coton est à proscrire car il emprisonne la transpiration.

Les fibres synthétiques

Ces fibres comprennent notamment le polyamide, le polyester ou encore le polyacrylique et sont, la plupart du temps, hydrophobes. En clair, elles n’aiment pas l’eau. D’un point de vu technique, ces fibres dispersent la transpiration sur une plus grande surface ce qui en accélérera son élimination. Favorisant le transfert de la transpiration, les vêtements conçus avec ces fibres sèchent plus vite que ceux faits de coton. Néanmoins, sans traitement spécifique, les fibres synthétiques auront tendance à faciliter le développement bactérien qui entrainera de manière inévitable une odeur désagréable en cas d’activité physique. Enfin, la performance de ces fibres aura tendance à décliner dans le temps en raison notamment des sels contenus dans la transpiration qui, eux, sont hydrophiles. Or, les substances hydrophiles n’aiment pas les substances hydrophobes. Pour les fans de mathématiques, hydrophobes + hydrophiles équivaut à « plus par moins égale moins ».

À retenir Les fibres synthétiques facilitent le transfert de la transpiration mais ont tendance à favoriser le développement bactérien, donc les odeurs.

La laine

La laine de mérinos (race ovine réputée) est de plus en plus utilisée dans les vêtements techniques. En effet, naturelle (d’origine animale), polyvalente d’un poids de vue thermique et sans odeur, la laine semble être la fibre de prédilection pour ce type de vêtement. Elle facilite grandement le transfert de la transpiration et évite donc le développement des mauvaises odeurs. En revanche, la laine de mérinos sèche sensiblement moins vite et se trouve être plus lourde que les fibres synthétiques. Son autre défaut est sa sensibilité à l’abrasion dans son état humide.

À retenir La laine de mérinos est thermiquement polyvalente et « sert de déodorant ». Son défaut, un temps de séchage plus long.

Le système trois couches

Le but du système en 3 couches est principalement de se tenir au sec pour éviter d’attraper froid. Comme son nom l’indique, il consiste en une combinaison de 3 couches différentes ayant chacune leur propre rôle.

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La couche de base (1), celle qui vous colle à la peau

Elle est souvent négligée alors que cette couche est primordiale, voire la plus importante des 3 couches. En effet, si cette couche n’effectue pas convenablement l’évacuation de la transpiration, alors les autres couches vous seront « inutiles ».  Le but est de cette première couche est de « rester au sec » en permettant une évacuation efficace de la transpiration vers l’extérieur ou vers les autres couches.

Comme nous venons de le voir, il faudra donc éviter le coton, qui emprisonne la transpiration et opter pour de la fibre synthétique ou de la laine de mérinos, tout en prenant en compte les avantages et les inconvénients de chacune de ces fibres. Je le répète, mais il est nécessaire de bien comprendre que, dans le cas où la transpiration se verrait bloquée par la première couche, vous aurez beau être équipé(e) des meilleures vestes techniques, vous risquez assurément d’attraper froid !

À retenir Je reste au sec en évitant le coton et en lui préférant le synthétique ou la laine. La couche de base est la plus importante.

La couche intermédiaire (2), celle qui vous isole thermiquement

La transpiration évacuée par la couche de base se retrouve sur la couche intermédiaire. Cette dernière a deux rôles à jouer :

  • poursuivre l’évacuation de la transpiration
  • permettre l’isolation thermique

Pour cela, la solution la plus utilisée et la plus connue de tous est la fibre polaire. En effet, une simple et bonne polaire fera tout à fait l’affaire. Les apports de chaleur des polaires sont généralement définis par le grammage (100, 200 ou 300 g/m²). Comment ça marche ? L’isolation est réalisée par les micro-bulles d’air contenues dans le molleton des fibres polaires. Une polaire sale ou aplatie perdra donc en efficacité.

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Les polaires ont le gros avantage d’être légères, mais (il y a toujours un mais) peu compactes. Néanmoins, elles restent le vêtement technique « chaud » le plus économique du marché.

À retenir Je m’isole thermiquement avec une bonne polaire.

La couche externe (3), celle qui vous protège des intempéries

La troisième et dernière couche n’est utile qu’en cas d’intempéries. Par intempéries, j’entends le vent, la pluie, la neige, etc. Par conséquent, la troisième couche doit être imperméable et coupe-vent … tout en laissant respirer le tout.

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Rappelez-vous votre ancien K-Way, aussi trempé dedans que dehors ! Cela s’explique par le fait qu’il était imperméable mais non-respirant. Aujourd’hui, c’est fini ! Les membranes techniques sont imper-respirantes, c’est-à-dire qu’elles sont imperméables à l’eau (extérieur) mais laissent passer la vapeur (intérieur). Nos parkas ou nos vestes de randonnées imperméables actuelles sont conçues ainsi. Certaines sont même faites de matériaux de type Gore-tex et autres. Ces termes font généralement référence à des technologies développées.

La propriété « coupe-vent » permet de limiter également les pertes de chaleur, en évitant que le vent vienne se faufiler entre les différentes couches.

À retenir Je me protège, si besoin, des intempéries avec une couche externe imperméable, coupe-vent et surtout respirante.

Les multi-couches

Il faut également savoir que certains vêtements techniques combinent plusieurs rôles comme le polaire coupe-vent ou des membranes imper-respirantes isolantes, etc.

Mais, depuis quelques temps, un type de veste semble faire des émules, la softshell.

Softshell vs hardshell

Partant du constat que, la majeure partie du temps, nous ne rencontrons pas de conditions extrêmes (donc pas de réel besoin de couche externe), les marques ont mis sur le marché la veste softshell. Elle est a la fois :

  • déperlante (attention, pas imperméable) pour les pluies fines
  • coupe-vent, avec ou sans l’ajout de membrane
  • chaude comme une polaire (chaleur assurée par une fine doublure)
  • respirante, beaucoup plus que les hardshell
  • ajustée (proche du corps) et souvent stretch

En voyant cette liste de propriétés, il est possible de s’apercevoir que ces vestes softshell permettent d’assurer les rôles des couches intermédiaire et externe. Malgré tout, dans certaines conditions météorologiques et si vous souhaitez vous alléger au maximum, ces vestes peuvent simplement être remplacées par une bonne polaire combinée à un coupe-vent léger.

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À retenir Une veste softshell est déperlante, mais pas imperméable. Les coutures résistent à de faibles pluies discontinues mais ne vous garantissent pas l’étanchéité en cas de fortes pluies.

De leur côté, les vestes hardshell ne sont qu’une couche externe. Si vous avez suivi, cela signifie qu’elles vous garantissent une étanchéité (les coutures sont collées), la propriété coupe-vent et une certaine respirabilité. On retrouve ici les vestes conçu en Gore-Tex et autres matériaux de ce type.

À chaque activité, sa combinaison

Pour terminer et vous l’aurez compris, il n’existe malheureusement pas de solution miracle ! Il est nécessaire d’adapter son équipement à son activité et aux conditions météorologiques associées.  Voici quelques cas classiques pouvant être rencontrés :

  • Chaud et pas de vent : une simple couche de base suffit, logique non ?
  • Beau temps mais venteux : une couche de base avec un bon coupe-vent
  • Froid sec : une bonne couche de base combinée à une polaire
  • Beau temps et petite pluie : c’est l’heure de sortir la softshell
  • Beau temps sous grosse pluie : il est temps d’enfiler la veste imperméable
  • Froid, venteux et pluie : on reste chez soi !

J’espère que cet article vous permettra de comprendre le jargon technique utilisé dans le monde de l’outdoor et vous donnera certaines pistes pour choisir vos hauts et vos vestes.

Si vous avez des remarques, des questions ou même des compléments, n’hésitez pas à laisser des commentaires.

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