Malgré les événements qui ont touché Paris, la Conférence de Paris 2015 sur le Climat, aussi appelé COP21, se tiendra bien au Bourget du 30 novembre au 11 décembre 2015. Nous ne pouvions pas passer à côté de cet évènement majeur qui nous touche en tant que citoyen et qui nous interpelle d’un point de vue professionnel. Même si cela vous parait très technique, nous espérons que cet article vous donnera les clés pour mieux cerner les enjeux et mieux comprendre ces négociations. Alors, les négociations sont-elles bien engagées ? Des engagements majeurs seront-ils pris ?
Qu’est-ce qu’une COP ?
Conference of the parties ou conférences des parties en français, une COP est une grande conférence au cours de laquelle se réunissent un grand nombre d’États. Leur objectif est l’adoption d’une convention internationale. Terme de droit international, une convention internationale regroupe des déclarations. Notez ici qu’une déclaration n’est en rien une obligation (très important).
Les observateurs misent beaucoup sur cette 21ème COP dont la mission sera de renouveler les engagements et les objectifs des États de lutte contre les changements climatiques.
À retenirLa COP21 est la 21ème Conventions des parties (grande réunion des États) visant à agir pour le climat (ou contre les changements climatiques selon le point de vue).
Historique des négociations climatiques
La COP21 comme son nom l’indique est la 21ème Conventions de parties. Cela veut donc dire qu’il y en a eu bien d’autres avant celle-ci. Nous n’allons pas les détailler une par une, mais voyons quelques dates importantes :
- 1992, Sommet de la Terre à Rio de Janeiro (Brésil), signature de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
- 1997, Conférence de Kyoto (Japon), adoption du Protocole de Kyoto.
- 2009 – 2014, Copenhague (Danemark), Cancún (Mexique), Durban (Afrique du Sud), Doha (Qatar), Varsovie (Pologne), Lima (Pérou), des COP, des flops et des promesses en l’air …
- 2015, Paris
La COP21 va-t-elle enfin faire évoluer les négociations climatiques et aboutir sur des engagements décisifs ?
Pour faire bref, la CCNUCC est entrée en vigueur en 1994 et est considérée comme la première tentative d’appréhender le changement climatique et d’y remédier. Elle a fait naitre, entre autres :
- le principe de précaution tant décrié
- le principe de responsabilités communes mais différenciées (notamment entre Nord et Sud)
- le principe du droit au développement
De son côté, le Protocole de Kyoto est l’accord international de référence sur la réduction des gaz à effet de serre (GES). Certains États se sont fixés des engagements chiffrés de réduction de GES. Il est entré en vigueur en 2005 et couvrait la période 2008-2012.
Donc, depuis 2012, aucun document ne cadre la réduction des émissions de GES, tout le monde est dans le flou et cherche à faire bonne figure sans réellement s’engager.
À retenirDans le but de poursuivre dans la veine du Protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre (GES), la COP21 devrait accoucher d’un nouvel engagement international avec des objectifs chiffrés et pour une période donnée.
Qu’attendre de la COP21 ?
Depuis longtemps tout le monde nous parle de changement climatique, mais, depuis peu, nous parlons plus de maintenir un réchauffement climatique en-dessous de 2°C.
C’est bien là tout l’enjeu de la COP21. Selon le site officiel de la COP21, « la 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21/CMP11), du 30 novembre au 11 décembre 2015. C’est une échéance cruciale puisqu’elle doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous, pour maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C« .
Alors que la grande messe va débuter demain, plus de 170 pays ont remis à l’ONU leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre à l’horizon 2025-2030. Certes, cette participation était inespérée notamment en provenance de la Chine ou des États-unis mais à la vue de ces promesses, cela sera sans doute insuffisant pour tenir la barre des +2°C. À l’heure actuelle, les experts tablent plus sur un réchauffement allant de +3°C à +5°C.
Voyons rapidement les engagements de quelques acteurs majeurs de la COP21 :
Chine
La Chine est le premier émetteur de GES au monde avec presque un quart des émissions à elle seule. Pour la première fois, l’Empire du Milieu s’engage au niveau international … malgré son étrange statut : premier consommateur de charbon (très émetteur de CO2) et premier investisseur dans les énergies renouvelables.
Rapide décryptage des 3 ambitions de la Chine :
- atteindre un pic d’émissions de CO2 en 2030 au plus tard. En gros, c’est la fiesta du charbon avant de se remettre en question.
- utiliser de plus en plus d’énergies non fossiles (renouvelables, youpi, et nucléaire, moins cool) d’ici 2030
- réduire de 60 à 65% les émissions de CO2 par unité PIB (il s’agit d’intensité carbone, voir plus bas)
États-unis
Les États-unis n’avaient pas ratifier le Protocole de Kyoto, ce qui leur permettait d’envoyer ce qu’ils souhaitaient dans l’atmosphère. Pour la COP21, ils s’engagent à une réduction de 26 à 28% de leurs émissions d’ici 2025 par rapport à 2005. Un premier pas ?
Union européenne
Véritable moteur de la prise de conscience, les membres de l’UE se sont engagés à réduire de 40 % les émissions de GES en 2030 par rapport à 1990. Cela peut passer par des augmentations chez les uns et des diminutions chez les autres. Les joies de l’Union !
Inde
Même topo que pour la Chine, l’Inde parle d’intensité carbone avec une réduction de 35% d’ici 230 par rapport à 2005. Cela leur permet de développer les énergies renouvelables et le nucléaire tout en reconnaissant être dépendants du charbon, bravo !
Russie
La Russie vise 25 à 30% de réduction de ses émissions en 2030 par rapport à 1990 en s’appuyant sur sa gestion des forêts. Avec 25% des ressources forestières mondiales, une grosse partie de cette engagement serait donc atteint « naturellement » et sans effort.
Arabie Saoudite
L’Arabie Saoudite vient tout juste de s’engager à « éviter » 130 millions de tonnes équivalent CO2 par an d’ici à 2030. Personne ne sait sur quoi cela se base et le pays a annoncé que cela n’était envisageable qu’à une seule condition : le maintien de ses exportations pétrolières et donc de ses revenus.
Quelques autres pays pêle-mêle
Le Japon espère diminuer ses émissions en réactivant les réacteurs nucléaires. Le Brésil semble s’engager réellement avec les énergies renouvelables. L’Iran promet 4% par rapport à un scénario qui part du constat que rien n’est fait. Le Canada est pris entre deux feux entre sa sortie du protocole de Kyoto et le développement de sa production pétrolière issue des sables bitumineux extrêmement polluants. Pour beaucoup d’autres, leurs engagements dépendent essentiellement d’un soutien financier via le Fonds Vert.
À retenirIl y a de tout dans les annonces des gouvernements : des bonnes avec de réels engagements et le développement des énergies renouvelables, des moins bonnes avec condition de soutien financier et des mauvaises se basant sur l’intensité carbone (Chine et Inde).
Intensité carbone, le biais de l’équation de Kaya
S’engager en terme d’intensité carbone permet de ne pas s’engager sur une réelle réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un vrai tour de passe-passe réalisé par la Chine et l’Inde !
L’intensité carbone :
Je termine donc cet article avec une formule mathématique. Hé oui, c’est aussi ça les négociations climatiques, perdre le grand public pour ne pas avoir à se justifier …
Je ne vais pas entrer dans le détails de chaque terme mais l’équation de Kaya relie les émissions anthropiques (par l’Homme) de CO2 à des paramètres liés à la démographie, l’énergie et l’économie. Cela permet donc de jouer sur ses émissions de CO2 en fonction de son PIB (croissance économique) et de sa population POP (croissance ou décroissance démographique).
Vous l’aurez donc compris, personne n’y comprend rien ! La COP21 va-t-elle changer la prise de conscience du changement climatique ?
Réponse entre le 30 novembre au 11 décembre 2015 !