Mai 2014 – De passage à Bologne, nous en avons profité pour rencontrer Luana, membre active et porte-parole de l’association Biodivercity. En 2011, afin de remettre à l’honneur la biodiversité et réfléchir aux questions de la souveraineté alimentaire, un groupe d’étudiants, de chercheurs en agronomie de l’Université de Bologne et un groupe de passionnés ont créé Biodivercity.
Le QQOQCP
- Qui ? Projet développé par les membres de l’association Biodivercity, notamment Luana et Antonio, et soutenu par l’Université de Bologne
- Quoi ? Biodivercity, des jardins communautaires
- Où ? Sur les toits d’immeubles sociaux, à Bologne, en Italie
- Quand ? Créée au printemps 2011
- Comment ? Création de jardins partagés sur le toit d’immeubles gérés par des bailleurs sociaux (immeubles type HLM)
- Pourquoi ? Encourager la souveraineté alimentaire, créer du lien social entre les habitants d’un même immeuble et conserver la biodiversité au cœur de la réalité urbaine.
Nos questions à Biodivercity
Luana et Antonio nous répondent
- Le développement durable, pour vous, en quelques mots ? Être en mesure de gérer personnellement ses approvisionnements en nourriture, maintenir la biodiversité dans les villes et créer des couloirs écologiques entre la campagne et la ville
- En quoi pensez-vous contribuer au développement durable ? Offrir la possibilité aux habitants des immeubles sur lesquels des jardins sont installés d’accroître leur souveraineté alimentaire* et participer à la continuité des couloirs verts.
- Quel(le) projet / action aimeriez-vous voir émerger dans votre communauté / environnement proche ? L’installation de ruches sur les toits de Bologne
- Un sujet que vous aimeriez que nous traitions ? Mettre en avant des méthodes permettant de limiter les besoins en eaux des cultures vivrières
- Un défi pour nous ? Aller rencontrer les gestionnaires des roofgardens de Lima
* Concept développé en 1996 lors du Sommet de Rome des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la souveraineté alimentaire est aujourd’hui reconnue comme étant un droit international. Elle laisse la possibilité aux populations, à des groupes, aux États ou aux groupes d’états de mettre en place les politiques et les choix agricoles les mieux adaptés à leurs populations sans qu’elles puissent avoir un effet négatif sur les populations d’autres pays. La souveraineté alimentaire est donc une rupture par rapport à l’organisation actuelle des marchés agricoles mise en œuvre par l’OMC.
On vous en dit plus
En 2011, dans le cadre d’un programme d’apprentissage pour adultes, le projet Biodivercity a vu le jour dans le quartier populaire San Donato. Initié par Antonio Gandusio, soutenu par la municipalité et l’Université de Bologne, les premiers vergers sur les toits sont sortis du bitume.
Des jardins sur des toits pas comme les autres
Depuis quelques années, les exemples de jardins urbains perchés sur les toits des villes se multiplient. Ceux de Biodivercity ne sont pas en reste. Mais, la particularité de ce projet réside dans le fait que les jardins de l’association sont implantés sur des immeubles publics, gérés par des bailleurs sociaux et habités par des populations souvent en situation précaire. En plus de favoriser la biodiversité en ville, l’association vise aussi à renforcer le lien social et l’entraide entre les habitants de ce quartier populaire.
Concrètement, comment cela se passe
Afin de produire des légumes à la belle saison, des bacs de culture ont été installés sur le toit de deux immeubles. Toujours dans une optique de limiter l’impact de leur activité, ces bacs ont été réalisés avec des matériaux de récupération (comme des palettes).
Des chercheurs en agronomie de l’Université de la ville offrent leurs conseils aux membres de l’association afin de réaliser des cultures qui nécessitent le moins d’eau possible. Des gouttières ont même été détournées pour réaliser un système hydroponique pour la préparation des semis. L’hydroponie est une technique de culture hors-sol avec irrigation contrôlée. Une fois les semis ayant atteint la bonne taille, ils sont repiqués dans les bacs de culture.
Environ 2 heures de travail sont nécessaires quotidiennement pour obtenir de belles récoltes.
A lieu atypique, contraintes atypiques
Cultiver des fruits et des légumes sur un toit ne se fait pas de la même façon que dans un jardin. Tout d’abord, l’espace y est encore plus restreint. Ensuite, afin de ne pas endommager la structure, il est indispensable de respecter des contraintes de poids. Ainsi, il est hors de question de récupérer et de stocker l’eau de pluie pour arroser les cultures. L’arrosage doit se faire avec de l’eau de ville. C’est pourquoi Luana et les autres membres sont sans cesse à la recherche de solutions moins gourmandes en eau.
Des légumes et des rencontres
Les habitants des deux immeubles sont invités à venir cultiver des fruits et légumes sur le toit de leurs immeubles. Malheureusement, la majorité des familles s’installent que temporairement dans le quartier et ne cherchent donc pas particulièrement à s’impliquer dans la vie de leur immeuble. Mais, lorsque Luana (elle-même résidente) et les membres de l’association organisent des repas, des concerts sur le toit, la mobilisation des habitants est plus importante.
Notre point de vue
Même si les membres de l’association ont un peu de mal à faire participer un grand nombre de résidents, le projet soutenu par Luana et Antonio nous a séduit. Tout d’abord parce que ce projet à pour but de sensibiliser les citoyens à la nécessité d’accroître leur souveraineté alimentaire. Mais aussi parce que Biodivercity apporte des solutions concrètes pour atteindre cette souveraineté tout en créant du lien social entre les résidents d’un quartier populaire.
Au-delà de l’aspect social, l’activité de l’association a aussi pour but de maintenir une certaine biodiversité en ville et de créer une continuité entre les espaces naturels/verts de la campagne et la ville. Ainsi, ils luttent contre les ruptures « biologiques » qui existent entre ces différents espaces.
Nous souhaitons remercier chaleureusement Luana et Antonio qui nous ont accueilli et présenté leur réalité urbaine. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez visiter le site de l’association Biodivercity.
Si vous connaissez des initiatives similaires proche de chez vous ou dans le monde, s’il vous plaît partagez avec nous pour que nous puissions les transmettre aux membres de Biodivercity.
P.S. : Antonio nous a invité à venir découvrir le plus vieux jardin ouvrier de la ville. Voici quelques images de ce lieu, lui aussi en transition écologique : une équipe de bénévoles sensibilise les utilisateurs à une culture sans pesticide.