Septembre 2016 – Après avoir passé quelques jours chez Maho à Osaka, je suis prête à partir à l’aventure pour découvrir le reste du Japon (toutes proportions gardées !). Un typhon vient tout juste de passé … la météo n’est donc pas au beau fixe. Mais ça ne m’empêche pas d’aller à la découverte des anciennes capitales du Japon. Premier arrêt, Nara.
En route pour Nara
Compte tenu des croyances japonaises, le capitale du pays a longtemps était « nomade ». Dans le culte shintoïste, la mort est entourée de nombreux tabous ce qui avait pour conséquence de déplacer la capitale au décès de chaque empereur. C’est seulement à partir du 7e siècle et avec le développement de l’influence du bouddhisme sur la culture nippone, que cette pratique prit fin. Nara fut déclarer première capitale permanente du pays en 710. Ce statut permanent ne durera pourtant pas très longtemps … 75 ans.
Un moine avide de pouvoir aurait séduit l’impératrice et fut à deux doigts d’usurper le trône. Pour limiter l’influence du clergé bouddhiste sur la cour, cette dernière fut éloignée de Nara et installée à 35 km de là … à Kyoto. Kyoto demeurera capitale du pays jusqu’en 1868. C’est pourquoi, malgré ses huit sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, Nara est beaucoup moins connue que Kyoto.
Je rejoins Nara, la ville des daims, en train « local » Kintetsu. Mes hôtes pour les prochains jours ne m’attendent pas avant 18-19h. Je dépose donc mes sacs dans l’une des nombreuses consignes de la gare et pars explorer la ville.
Naramachi et ses petites ruelles d’un autre temps
Pour cette première après-midi, je décide de profiter du quartier Naramachi au Sud de la ville. Même si des tracés de balade existent pour ce quartier, je n’y croiserais que peu de touristes. Entourée de machiya (maisons de ville) et de kura (greniers), je me sens transportée quelques décennies, pour ne pas dire siècles, en arrière.
La quasi absence de voitures renforce ce sentiment. Au détour d’une rue, je tombe sur Naramachi Koshi-no-le, une ancienne maison de commerce transformée en musée.
La visite est gratuite et permet de se projeter dans un passé pas si lointain, mais qui semble pourtant à des années lumières de notre réalité. C’est aussi l’occasion pour moi d’observer les détails architecturaux de ces maisons depuis l’intérieur.
Je suis vraiment sous le charme de l’architecture japonaise, de sa façon d’agencer et d’utiliser les espaces. En sortant du musée, la personne de l’accueil me rattrape … Elle souhaite m’offrir un origami. Quelle hospitalité.
Après cette visite, je fais un petit détour par un cimetière bouddhiste.
Je passe quasiment toute l’après-midi à flâner dans Naramachi. Quand le soleil commence sa descente, je comprends qu’il est temps pour moi d’aller rejoindre mes hôtes. En route pour une nouvelle banlieue : Kujo.
Les rencontres couchsurfing à la japonaise
Je prends le train et arrive à 18h à la gare de Kujo. Mais, pour je ne sais quelle obscure raison, googlemaps.jp et googlemaps.fr ne communiquent pas bien entre eux. Si bien, que l’adresse indiquée par Kenny, mon hôte, n’est pas située correctement sur mon plan. Je marche plus d’une heure avant de capituler et d’entrer dans un 7-eleven* pour me connecter à internet et envoyer un message à Kenny. Je suis à 5 min à pied de chez lui. Il descend me chercher. Alors que je suis arrivée à 18h à la gare (qui est à 2 min de leur appartement), je pose mes affaires à 19h30 dans la chambre que Kenny et sa femme m’ont préparé. Une douche et à table. Il faut briser la glace car mon retard n’est pas très apprécié … Vers 21h, il m’est poliment suggéré d’aller dans ma chambre.
7-eleven, Family Mart et autres convenient storesConvenient store en Anglais, dépanneur en Québécois, je ne connais pas le nom pour ce type de magasin en Français car nous n’en avons pas à ma connaissance. Il s’agit généralement de chaîne de magasins (7-11, Family Mart, etc.) s’apparentant à des mini supermarchés et proposant une sélection limités d’articles tels que des produits surgelés, des biscuits, des plats à emporter (sushi, onigri, etc.), des boissons (alcool, lait, jus, etc.), des produits d’hygiène ou encore un peu de presse. En France, ça serait un mix entre un Petit Casino et un Relay.
Le lendemain matin, la femme de Kenny (j’ai malheureusement oublié son nom), me propose son vélo pour aller visiter Nara. Je l’a remercie vivement car je vais pouvoir me déplacer comme j’aime : en observant les transitions entre les lieux. Je quitte la maison vers 9h pour me perdre dans les rizières avant d’arriver en ville et aux lieux que j’ai choisi de visiter.
Le palais Heijo, un secret bien gardé
Premier arrêt notable, la visite du palais Heijo. Je ne comprends pas, mais mon guide ne fait pas référence de ce haut lieu de culture. Architecture et couleurs grandioses associées à de nombreuses explications en Anglais (ce qui est assez rare pour le préciser) sont au rendez-vous et je peux en profiter à mon aise : je suis quasiment seule. Il semblerait que Heijo ne soit pas complètement sorti de l’oubli …
En effet, lorsque la capitale est déplacée en 785 à Kyoto, le palais impérial de Nara est laissé à l’abandon. C’est seulement en 2010, pour le 1 300e anniversaire de la capitale (710 – 2010) que le palais retrouve ses lettres de noblesse.
Influences chinoises et bouddhisme : le Todai-ji
Bien que très brève, la période de Nara est d’une grande importance dans l’histoire nippone. C’est une période où le Japon était ouvert vers l’extérieur et où il a absorbé de nombreuses idées chinoises comme le bouddhisme.
Le Todai-ji est un bel exemple de l’intégration du bouddhisme dans l’archipel. Pour pénétrer dans cet immense temple, il vous faudra passer le Nandai-mon (la porte Nandai), tout aussi monumental.
Cette porte est gardée par deux statues en bois des plus menaçantes. Les expressions de leurs visages sont si détaillées qu’elles semblent pouvoir prendre vie à n’importe quel moment. Malgré la beauté de cette porte, le centre d’intérêt majeur du Todai-ji est le bâtiment principal du temple : le Daibutsu-den. Avec ses 57 m de long et 50 m de large, c’est la plus grande construction en bois du monde. Et encore, le bâtiment actuel ne représente que les deux tiers de l’édifice original.
Suite à des incendies, il a été reconstruit à deux reprises. À chacune des reconstructions, des éléments architecturaux nouveaux ont été ajoutés, comme les queues de poissons visibles sur la toiture actuelle symbolisant l’eau afin de protéger le temple du feu.
Comme si les superlatifs pour décrire ce lieu n’étaient pas suffisants, le Daibutsu-den abrite la plus grande statue de Bouddha Vairocana. Elle est en bronze, mesure plus de 16 m de haut et pèse pas moins de 437 tonnes. Le Bouddha Vairocana est le bouddha cosmique qui aurait précédé tous les mondes et donc, tous les autres Bouddhas.
Je suis toujours un peu sceptique quand je m’apprête à visiter un lieu classer au patrimoine mondial de l’Unesco et/ou quand un lieu est qualifié de plus grand du monde. Mais, comme ça sera le cas à plusieurs reprises au Japon, j’ai été bluffée par cette visite.
Après avoir pris mon billet, je me dirige vers le Dlaibutsu-den. Un petit stand sur la droite attire mon attention. Une pancarte indique « FREE ENGLISH TOUR ». Je m’en approche. Des guides bénévoles proposent de faire visiter l’enceinte. C’est gagnant-gagnant : j’ai droit à une visite hyper intéressante et la guide pratique son Anglais.
Avant d’entrer dans le Daibutsu-den, ma guide m’interroge sur les origines du bouddhisme. Elle fut surprise quand je su répondre à sa question sur le lieu de naissance du Bouddha : Lumbini, au Népal. Beaucoup pensent que Lumbini est en Inde. Mais la ville est bien sur le territoire népalais, non loin de la frontière indienne. Ma guide attire ensuite mon attention sur le sol sous nos pieds. Il est composé de 4 pierres différentes représentant les 4 pays par lesquels le Bouddha Vairocana a transité avant de s’installer ici : le Népal (ou l’Inde selon elle), la Chine, la Corée du Sud et finalement le Japon.
Nous entrons ensuite dans l’enceinte. Malgré le nombre impressionnant de visiteurs (étrangers et japonais), je suis sous le charme du lieu. Il est majestueux et son histoire est intense. Les photos ne rendent malheureusement pas justice à ce lieu que je ne peux que vous inviter à visiter.
Vous ne serez pas seuls pour cette visite
Après avoir remercié ma guide, je continue d’explorer Nara-koen (le parc de la ville où se trouve notamment Todai-ji) et ses nombreux temples et sanctuaires. L’endroit est paisible et il est relativement aisé d’échapper à la horde de touristes.
C’est toutefois un peu plus compliqué d’échapper aux daims. Ils sont plus de 1 200 daims à vivre en liberté dans le parc. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils sont sauvages au vu de leur cohabitation avec l’homme et du commerce de biscuits destinés à ces animaux qui a lieu dans Nara-koen.
Les touristes chinois sont à la fois effrayer et subjuguer par ces petites bêtes. Ils peuvent passer des dizaines de minutes à s’extasier devant eux et à tenter de prendre des selfies avec des daims qui ne pensent qu’aux biscuits que ça va leur rapporter.
Loin du centre-ville, proche du quotidien des Japonais
La collecte du tri sélectif à Nara
Après plus de 3h à me balader dans cet oasis de verdure, je récupère mon vélo et rentre tranquillement vers Kujo. En route, au milieu des rizières et des habitations, je croise un papy qui m’interpelle.
Du champ …
… au sac
Je ne parle pas Japonais. Il ne parle pas Anglais, mais ça ne l’empêche pas de papoter avec moi. Je comprends quelques mots clés (et le contexte m’aide aussi) et je tente de lui expliquer d’où je viens, où je vais et l’âge que j’ai. Notre rencontre fut brève, mais fort sympathique. C’est dans ces moments que je regrette encore plus de ne pas avoir pris quelques cours de Japonais. Car les rencontres de ce type, lorsqu’on voyage seule, même au Japon, peuvent arriver quasi quotidiennement …
Il fait beau et même si j’ai déjà bien crapahuté, j’ai envie de dépenser le reste d’énergie que j’ai. J’enfile mes baskets et je pars découvrir le quartier de mes hôtes. En un peu plus de 30 minutes de course, je tombe sur 3 temples …
J’avais initialement prévu de consacrer 3 journées à Nara. Mais, j’ai l’impression d’avoir déjà bien visiter la ville et ressenti son atmosphère. Je décide de partir dès le lendemain matin pour Kyoto. Il faut dire que je rêve de découvrir cette ville depuis des années.