Le GERES et ses serres solaires passives

Lors de notre séjour en Mongolie, nous avons rencontré Camille, chargé de mission pour le GERES en Mongolie. Camille travaille à la mise en place de serres bioclimatiques à travers le pays. Découvrez sans plus tarder ce beau projet !

Le QQOQCP

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  • Qui ? GERES, Groupe Énergies Renouvelables, Environnement et Solidarités
  • Quoi ? Développement de serres solaires passives et de celliers bioclimatiques tout en faisant la promotion l’agriculture biologique auprès des populations locales
  • Où ? A travers la Mongolie
  • Quand ? Depuis août 2010
  • Comment ? Transfert d’un savoir, d’une expertise et appui technologique pour la mise en place des infrastructures agricoles et sensibilisation aux pratiques agricoles durables
  • Pourquoi ? Améliorer la sécurité alimentaire et développer des pratiques agricoles durables

Nos questions au GERES

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Pour réaliser ce portrait, nous avons interrogé Camille Nègre, le chargé de mission en Mongolie travaillant sur ce projet.

  1. Le développement durable, pour vous, en quelques mots ? C’est avant tout une prise de conscience de l’impact que chacun a sur l’environnement et ensuite, une volonté d’essayer de mettre en pratique des idées visant à réduire ce dernier.
  2. En quoi pensez-vous contribuer au développement durable ? En contribuant notamment au développement local et durable de quelques familles en améliorant leurs conditions de vie et en promouvant l’agriculture biologique et non pas chimique.
  3. Quel(le) projet / action aimeriez-vous voir émerger dans votre communauté / environnement proche ? Un magasin de matériaux ! Blague à part, il est très difficile de s’approvisionner en matériaux pour construire les serres en dehors d’Oulan-Bator. Sinon, un projet permettant un meilleur accès à l’eau dans les maisons ou l’introduction de toilettes sèches.
  4. Un sujet que vous aimeriez que nous traitions ? Approfondir la perception de la période communiste dans les anciens pays concernés en montrant que tout n’était pas mal (notamment au niveau du développement des infrastructures).
  5. Un défi pour nous ? Au Laos, goûter des larves et la boisson à base d’alcool de riz qui se boit avec des pailles !

On vous en dit plus …

Coincé entre deux géants que sont la Russie et la Chine, la Mongolie n’en demeure pas moins un vaste pays de plus de 1,5 million de km2 ! Toutefois, les conditions climatiques qui y règnent rendent difficiles toutes activités humaines, et tout particulièrement l’agriculture.

Le contexte mongol

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Traditionnellement, les Mongols sont un peuple nomade. Tous les 2 ou 4 mois, ils déplacent leurs yourtes afin de subvenir aux besoins de leurs bêtes en fourrage. Après la seconde guerre mondiale, sous l’influence soviétique, les troupeaux ont été nationalisés et beaucoup de nomades ont rejoints les villes pour occuper des postes de fonctionnaires. Cette sédentarisation aurait pu permettre l’essor de l’agriculture dans le pays. Mais, c’était sans compter sur les conditions climatiques mongoles :

  • des hivers sont longs (de 6 à 8 mois selon les régions)
  • des températures moyennes souvent sous la barre des 0°C (-2,4°C de moyenne annuelle dans la capitale)
  • peu de précipitations (une moyenne annuelle de 200 à 350 mm dans le Nord, qui décroît en allant vers le Sud)

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En règle générale, il est possible de cultiver des fruits et des légumes environ 3 mois par an. Vous comprendrez donc pourquoi le régime mongol repose principalement sur les produits carnés et laitiers. Si les Mongols ne mangent pas plus de fruits et de légumes, ce n’est pas parce qu’ils n’aiment pas ça, c’est parce qu’ils sont presque impossibles à cultiver ! Mais, cela pourrait bien changer …

Sécurité alimentaire en Mongolie

Avec une population de plus en plus sédentaire et urbaine, les modes de vie ont évolués. Les Mongols importent de plus en plus de denrées alimentaires, notamment des fruits et légumes chinois. Ceci pose un problème de souveraineté alimentaire dans la mesure où le pays n’est pas capable de satisfaire sa demande intérieure.

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C’est pourquoi, en 2010, le Secours Catholique, Caritas Mongolie et le GERES se sont regroupés en consortium pour mener un programme de 3 ans afin d’accroître la sécurité alimentaire des populations en :

  • leur mettant à disposition des moyens et des connaissances nécessaires au développement de d’une agriculture locale
  • leur permettant de produire suffisamment de fruits et légumes pour leur propre consommation tout en variant le contenu de leur assiette

D’un point de vue technique, ce programme, développé dans les environs d’Oulan-Bator, reposé principalement sur la construction de serres passives et de celliers bioclimatiques (voir plus bas). A l’issue des 3 ans, le GERES a décidé de continuer son implication dans les aïmag, provinces du pays, notamment dans la région de Tsetserleg.

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Aujourd’hui, l’objectif du GERES est de développer la production de légumes dans les zones rurales de Mongolie avec les populations sédentarises afin d’améliorer leur nutrition et de leur permettre de générer un revenu supplémentaire (vente de l’excédent de production). Pour ce faire, les membres de l’organisation accompagne des groupes volontaires dans la construction de leurs serres (25% du prix d’une serre est financé par les familles elles-mêmes), dans la production de leur légumes et dans la commercialisation de leur production.

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Une agronome mongole prépare et dispense des formations aux nouveaux maraichers, notamment sur les techniques améliorés de gestion de l’eau (technique d’arrosage, récupération d’eau, etc.) et des sols (paillage, rotation des cultures, etc.). Les fruits et légumes ne faisant pas partie traditionnellement de la cuisine mongole, en plus de les initier aux techniques de maraichage, l’équipe du GERES propose aux participants des recettes de cuisine pour préparer au mieux le fruit de leur récolte. Les légumes racines, se conservant plus facilement et plus longtemps, sont plébiscités tout comme les concombres et les tomates qui trouvent preneurs auprès des restaurateurs locaux servant de plus en plus de touristes. Au total, plus de 15 variétés de légumes et plus de 25 types de grains sont cultivés dans le serres solaires passives.

L’accent est mis sur la culture biologique, sans pesticides ou engrais chimiques. Les avantages et les inconvénients d’une telle culture sont présentés aux participants. Toutefois, à l’issue de l’accompagnement proposé par le GERES, les nouveaux agriculteurs sont libres de continuer ou non dans cette voie.

EN CHIFFRES

  • 16 serres construites dans la région de Tsetserleg (ou en voie de construction) soit 2, 215 personnes touchées directement
  • plus de 180 serres, 75 pépinières et 100 celliers construits

Aujourd’hui, 5 groupes, soient environ une cinquantaine de bénéficiaires directs, participent au programme dans la région de Tsetserleg, cultivent des légumes et génèrent de nouveaux revenus pour leurs familles. Des projets de serres plus grandes, pouvant satisfaire les besoins d’autoconsommation des familles et permettant de produire suffisamment de légumes pour générer une activité régulière, sont en développement.

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Les agriculteurs sont aussi incités à ses rapprocher des institutions publiques pour obtenir des marchés. L’équipe du GERES les aident donc à se positionner pour répondre à des appels d’offres.

Serres solaires passives, celliers bioclimatiques, késako ?

Serres solaires passives

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Une serre classique utilise l’énergie du soleil pour créer un environnement chaud favorisant la croissance de végétaux. Quand elles ne sont pas chauffées, elles sont passives. Jusqu’ici, rien de nouveau. Toutefois, les serres solaires passives du GERES  sont un petit peu différente.

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Construites comme des maisons ultra vitrées (double membrane en plastique), les murs accumulent la chaleur pendant la journée et la restituent pendant la nuit. La double membrane en plastique emprisonne une couche d’air isolant la serre comme le fait le double vitrage de  nos fenêtres. Enfin, du paillage est fait au pied des cultures pour conserver encore mieux la chaleur dans le sol. A l’aide ces méthodes, la période agricole mongole est passée de 3 mois à presque 10 mois par an.

Celliers bioclimatiques

Les celliers bioclimatiques sont des caves, creusées dans le sol, permettant de capter la fraîcheur en été, et la chaleur en hiver. Pour une meilleure conservation des denrées alimentaires, ces celliers sont isolés et ventilés. Le GERES a participé à la construction de plus de 100 celliers de ce type en Mongolie.

Financements

Le projet du GERES dans la région de Tsetserleg est financé à environ 70% par l’Union Européenne et à 30% par Monaco, la fondation Louis Dreyfus, l’organisation Humus et le fond Synergie Solaire.

Notre point de vue

La sédentarisation du peuple mongol a fortement modifié leur mode de vie. Le développement de l’agriculture est donc primordial pour permettre à cette population d’atteindre, ou du moins de se rapprocher, de la souveraineté alimentaire. Les solutions techniques proposées par le GERES sont, selon nous, d’excellents outils pour atteindre cet objectif. En outre, la population étant systématiquement consultée pour identifier leurs besoins, les solutions proposées sont adaptées aux problématiques et aux attentes locales. Enfin, l’implication des bénéficiaires (financière et en temps de travail pour la construction des serres) participe grandement au succès de ce projet.

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Malheureusement, ce projet dépend majoritairement des fonds alloués par l’Union Européenne. Lorsque nous avons rencontré Camille, ce dernier nous informait que les financements pour l’année 2015 et les suivantes sont incertains. Le projet, sous sa forme actuelle, risque donc de prendre fin. Toutefois, nous pouvons espérer que les techniques de construction et agricoles acquises au cours de ces années par les populations locales vont perdurer et se transmettre au plus grand nombre.

Pour avoir plus d’informations sur ces activités, direction le site du GERES en Mongolie !

Que pensez-vous de ces serres bioclimatiques ? Pensez-vous que cette initiative soit transportable dans d’autres pays ?

Ce portrait vous a plu ? Vous souhaitez que l’on interview une personne menant un projet en lien avec le développement durable ?  N’hésitez pas à nous laisser des commentaires, nous sommes à votre écoute !

Nous remercions Camille Nègre pour toutes ces belles photos !

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2 commentaires

  • Anaïs dit :

    Portrait top comme d’habitude.

  • JF dit :

    Effectivement, les serres bioclimatiques sont une solution efficace pour cultiver dans des zones au climat froid … même en France … en zone de montagne. Ce qui est intéressant ici, en plus de la serre classique (tout jardinier se fait un jour ou l’autre une serre avec un bout de bâche transparente et un peu de bois ou des fers à béton), c’est les murs accumulateurs de chaleur. Avez-vous une idée du prix de ses serres bioclimatiques (/m2 par exemple) ? Quel est le matériau servant à stocker la chaleur ? Avez-vous plus d’information sur les celliers (dimensions, technique d’isolation, photos, …) ?
    Bon, je me calme et j’arrête là les questions ; ))))

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