Avril 2017 – Notre résolution 2017 se poursuit avec un week-end prolongé en Bretagne, direction Brest. Après 4h30 de train depuis Paris, nous arrivons au bout du monde ou Penn-ar-Bed comme disent les Bretons (Breizh power). Au programme de ce séjour dans le Finistère : visite de la ville aux 5 ports, histoire de Brest, découverte de la rade et un peu de randonnée sur le chemin des Douaniers avec vue sur la presqu’île du Crozon.
Brest, la blanche
Nous arrivons à Brest de nuit. L’architecture nous frappe instantanément : un style d’après-guerre en béton, une certaine répétition architecturale et une ville qui semble bien quadrillée. Le lendemain, Mirelle, notre guide, nous en apprend plus sur l’histoire de la ville de Brest. Brest est surnommée « la blanche » en raison de la couleur de la plupart des maisons recouvertes de chaux.
Pendant la seconde guerre mondiale, Brest a été détruit à plus de 90%. Lors de la reconstruction, sous la direction de l’urbaniste Mathon, la ville se transforme littéralement : la ville est nivelée (en moyenne, les rues sont remontées de 20 mètres), les rues sont tracées au cordeau et l’architecture de la reconstruction s’impose. La nouvelle Brest s’articule dorénavant autour de deux axes Nord-Sud : la rue de Siam vers la rade et la Jean Jaurès vers le Nord. Au cœur de cette nouvelle organisation se trouve l’imposante place de la Liberté et à son extrémité Sud le pont de la Recouvrance, l’un des plus hauts ponts levants d’Europe.
Rue de SiamSiam, Siam, Siam, ça ne vous dit rien ? Et bien oui, c’est bien en hommage de 3 ambassadeurs du roi de Siam (actuelle Thaïlande) que cette rue brestoise a été renommée. Auparavant, c’était la rue Saint-Pierre (plus classique et rien à voir avec Saint-Pierre-et-Miquelon).Sur la place de Liberté, le style singulier de l’hôtel de ville nous attire. Pour être honnêtes, nous avons eu l’impression d’être transporter en Europe de l’Est tant le style de la reconstruction fait penser au brutalisme soviétique. Mireille nous explique que ce bâtiment massif et imposant a été voulu pour montrer l’importance du pouvoir civil face à l’omniprésence du pouvoir militaire (marine) dans la ville. Déjà, à l’époque, les bonnets rouges n’étaient pas loin.
BrutalismeStyle architectural populaire entre les années 50 et 70, le brutalisme est souvent associé à l’architecture soviétique. Il se caractérise notamment par l’absence d’ornements, la répétition de certains éléments comme les fenêtres mais surtout par l’aspect brut du béton utilisé.En descendant la rue de Siam, nous bifurquons pour aller découvrir l’immense église Saint-Louis. Autrefois petite église, cette mastodonte a été construite avec des pierres jaunes de Logonna flanquées de petites ouvertures qui s’opposent aux grands vitraux des murs et des pylônes en béton. Son style est vraiment très intéressant. N’hésitez pas à la visiter entre deux offices, vous ne serez pas déçus. Nous arrivons ensuite près de la rivière Penfeld avec une vue sur la rade de Brest, l’occasion pour nous de vous parler du lien étroit entre l’océan et la ville de Brest.
Si vous êtes féru d’art contemporain, rendez-vous à Passerelle. Connue par les habitants du quartier comme l’ancienne murisserie des bananes, ce centre d’art contemporain a ouvert ses portes au milieu des années 1980 et propose aujourd’hui une sélection pointue. Nous avons particulièrement aimé l’exposition d’Aurora Sander intitulée another day, another drama. Ce projet présente les obstacles quotidiens d’une vie rythmée par le cercle infernal métro-boulot-junk food-dodo. Chacune des situations est mise en scène par des obstacles de course hippique.
La ville aux 5 ports
Nous ne pouvions pas parler de Brest sans aborder son lien intime avec l’océan. Durant notre séjour brestois, nous avons eu l’opportunité de visiter le célèbre Océanopolis. Ce centre de culture scientifique autour de l’océan propose 3 pavillons : Bretagne (ou tempéré), polaire et tropical. Nous nous sommes essentiellement focalisés sur le pavillon de Bretagne afin de comprendre l’environnement marin des alentours de Brest : plancton, biodiversité marine, conchyliculture, parc naturel d’Iroise, abyssbox, etc. Nous avons aussi croisés les nouvelles arrivantes : les loutres de mer. Bien plus qu’un « aquarium », l’Océanopolis est un lieu où la science est démystifiée et où nous plongeons dans l’univers marin le temps d’une journée. Gros coup de cœur pour la muséographie du pavillon Bretagne.
Étant l’une des principales bases navales de France, nous ne pouvions passer à côté du musée de la Marine. Nous déambulons dans le château pour appréhender l’histoire de la marine française en passant par les expéditions de La Pérouse au développement des sous-marins nucléaires. À l’entrée, nous découvrons d’où vient l’expression « tonnerre de Brest« . Désolé pour les fans de Tintin, mais elle n’est pas du capitaine Haddock (un monde s’écroule) mais vient du coup de canon qui annonçait soit l’ouverture et la fermeture de l’Arsenal, soit l’évasion d’un bagnard. Les chasseurs de tête étaient alors sur le qui-vive dans l’espoir de capturer le fugitif et toucher une prime en le restituant aux autorités.
Ville aux 5 portsPour découvrir l’évolution de la ville de Brest en 6min, nous vous proposons la vidéo du musée de la Marine que nous avons particulièrement apprécié :
Enfin, nous avions envie de sortir quelque peu des sentiers battus de Brest et sommes partis découvrir deux beaux projets. Le premier est l’œuvre de Yann Roger et Maël Terry. Nous les avons rencontrés au port du Tinduff à Plougastel-Daoulas (oui, Plougastel comme les fraises). Tous deux proposent une découverte de la rade de Brest à bord de voiliers du patrimoine : l’ancien coquillier Loch Monna de Yann, le sloop de bornage Dalh Mad de Maël. Le Loch Monna est un authentique gréement de 1956 entièrement remis à neuf alors que Dalh Mad (« Tiens bon! », devise de Landerneau) est une copie conforme d’un modèle de 1945. La mise à l’eau de ces bateaux uniques a été organisée en 1992 à l’occasion des premières fêtes maritimes de Brest. Cette événement qui fêtera ses 25 ans, cette année en juillet (oui, 1992 + 25 = 2017, bingo). Ne loupez pas les belles frégates prévues !
Le second projet concerne le chantier du Guip. Alliant passions de la mer et du bois, les membres de l’atelier participent au développement et à la sauvegarde d’un réel savoir-faire. De la construction à la rénovation de yachts classiques, de bateaux du patrimoine et même de voiliers de la marine nationale, tout est possible, tout est réalisable. Nous avons la chance de voir de près le navire ambassadeur de Brest, La Recouvrance construit pour les fêtes de Brest 92 ou encore le Patron François Morin, bateau d’intérêt patrimonial. N’hésitez pas à vous balader à proximité du chantier, vous pourrez observer les ouvrier au travail (l’atelier est doté de grandes baies vitrées) et vous pourrez voir leurs derniers travaux amarrés juste devant. D’ailleurs, avis à tous les amateurs (ou armateurs, peu importe), Mowgli cherche toujours son bienfaiteur pour que sa restauration puisse être enclenchée.
Les Capucins, virée en téléphérique chez les Yannick
Notre balade brestoise continue avec notre quartier coup de cœur : les Capucins. Nous enjambons la Penfeld à bord du téléphérique urbain (le premier de ce type en France, et oui, il fonctionne parfaitement) pour aller chez les Yannick.
Yannick et Ti-ZefDans l’histoire locale, les Yannick sont les habitants du quartier de la Recouvrance, sur la rive droite, et parlent breton alors que les Ti-Zef (« zef » signifie « vent ») parlent français et habitent Brest même, sur la rive gauche.
Nous nous rendons aux Ateliers du plateau des Capucins. Avant d’être un centre culturel, ces ateliers faisaient partie de l’Arsenal de Brest qui avait été lui-même bâti sur un ancien couvent … d’où le nom de Capucins. Avant de devenir centre culturel et commercial, ce lieu a eu une histoire religieuse, puis militaire. Un sacré cocktail.
Les ateliers abritent aujourd’hui la toute récente médiathèque (très bel endroit) et devrait à terme accueillir un cinéma multiplex, le centre national des Arts de rue (Le Fourneau) et une « rue commerçante ». Au rez-de-chaussée, il est encore possible de voir certaines machines industrielles de l’Arsenal, encore en service il y a quelques décennies. Alors que les filles de l’équipe brestoise de roller derby se chahutent, notre regard se pose sur une grande « table » de métal. Il s’agit du « marbre ». Quand les plans n’étaient pas tracés dessus, il servait d’estrade aux porte-paroles des revendications syndicales de l’époque.
Non loin des ateliers, il est possible d’apercevoir le bâtiment aux Lions (en rénovation) et l’ancienne prison de Pontaniou. Mais, la rue qui nous a le plus marqué est la rue St Malo. La plus ancienne rue pavée de Brest a défrayée la chronique. Elle devait être détruite à l’occasion de la réhabilitation du plateau des Capucins, mais l’association « Vive La Rue » s’est interposée. Son but est de sauvegarder ce patrimoine local et d’en faire un lieu d’art et de culture populaire. Nous ne pouvions qu’adhérer à cette démarche et tomber sous le charme de cette petite ruelle.
Randonnée vers le phare du Petit Minou
Pas un week-end sans une petite virée dans la nature. Direction Sentier des Douaniers (le GR34, long de 1800 kilomètres) ou sentier littoral pour une petite randonnée. Nous nous rendons en tramway puis en bus à la plage St-Anne. De là, nous partons pour deux bonnes heures de randonnée sur le littoral breton.
Notre but est d’aller jusqu’au phare du Petit Minou, non loin du bourg de Plouzané. Un premier escalier pentu nous fait directement entré dans le vif du sujet. Nous poursuivons ensuite aux bords des falaises avec de très belles éclaircies et une eau cristalline. Au bout de deux heures, nous arrivons au fort du Minou et au phare tant attendu.
Ni une, ni deux, nous demandons un lift à une jeune femme qui accepte gentiment de nous déposer au village à 6 kilomètres de là. Pour nous récompenser de cet effort, nous craquons sur quelques crêpes de la boulangerie avant de retourner à Brest.
Bonnes adresses et infos pratiques
Assez parlé tourisme, place à la gastronomie locale ! Bien entendu, vous trouverez des tas de bonnes crêperies plus ou moins beurrées, mais nous souhaitons vous parler quelques adresses pour les végéta*iens (soyons clairs, le beurre est partout, ce n’est pas évident de faire sans) :
- le Potager de Mémé, testé et approuvé. Une adresse locale, bio et artisanale avec une gérante pleine d’entrain.
- Kerlune que nous n’avons pu testé, week-end de Pâques oblige.
- Le comptoir du burger avec son option steak de légumes.
Pour un bon café, un thé, un cookie, un repas ou tout simplement pour passer un moment reposant, nous vous conseillons le Beaj Kafé. Le cadre est sympa, propice à la lecture, au travail ou au blogging (c’est un peu de travail quand même).
Pour se déplacer dans Brest, n’hésitez pas à emprunter le réseau de transport en commun (bus, tram, téléphérique) de BiBus. Fiable et utile. Le week-end et les jours fériés, utilisez le pass à la journée : pour 4 euros, voyages illimitées pour 1 à 4 personnes.
Retrouvez ici la liste des sites abordés dans notre article :
- l’Océanopolis
- le musée de la marine nationale de Brest
- navigation sur la rade de Brest avec Loch Monna et Dalh Mad,
- le chantier de Guip,
- le sentier des Douaniers, GR34
- Passerelle , centre d’art contemporain
Nous remercions l’équipe de l’office de tourisme de Brest et notamment Mireille, Violette et Olivier. L’équipe propose de nombreuses visites et nous a permis de bien comprendre l’histoire et le patrimoine de Brest. Mireille nous a distillé un nombre impressionnant d’anecdotes. Nous ne pouvons que vous recommander de vous offrir une des visites guidées proposées par cette équipe dynamique et passionnée.
Avez-vous déjà été à Brest ? Quels sont vos souvenirs ?
Une autre bonne adresse végétarienne près de la rue de Siam : les Maraîchers, Rue Boussingault. Mais ce n’est pas ouvert le week-end, dommage ! J’adore voir ma ville à travers les yeux des autres, je la trouve encore plus belle 😉
Oui nous l’avions vu mais il était effectivement fermé malheureusement.
Ce fut une visite assez agréable dans l’ensemble malgré la fraicheur, heureusement que nous avons eu un beau soleil en fin de séjour.
Ça me fait tout drôle de lire un article sur Brest ! J’ai toujours du mal à croire que l’on vient visiter ma ville natale. Pourtant, j’ai été guide touristique et j’avais quand même pas mal de touristes chaque jour ! En tout cas, ton article est chouette, bravo 🙂
Merci beaucoup ! Oui ce fut une belle découverte, Brest. Le but est de découvrir la France également plutôt que des contrées lointaines.