Même si nous avons été assez critiques dans notre flop 3 des pavillons de l’Expo Milano 2015, nous avons adoré nous y rendre et y avons passé une excellente journée. Après vous avoir présenté les pavillons qui nous ont le moins plus, voici ceux que nous avons préférés.
Notre top 5 de l’Expo 2015
États-Unis – American Food 2.0: United to Feed the Planet
Que l’on partage ou non l’engouement pour les solutions apportées par les États-Unis à la problématique « Nourrir la planète », le pays de l’oncle Sam a le mérite de proposer des solutions variées. La visite de ce pavillon commence au premier étage où le public est accueilli par Barak Obama himself ! Le visiteur navigue ensuite de point d’informations en point d’informations découvrant des personnalités ayant apporter des innovations dans le secteur agroalimentaire. Leurs innovations ainsi que des données sur l’alimentation et l’industrie agroalimentaire sont présentées.
La visite continue au rez-de-chaussée du pavillon. Par groupe d’une vingtaine de personnes, le public évolue dans un couloir où il découvre les traditions et pratiques alimentaires passées, présentes et futures des Américains à travers 7 courts métrages d’animation – tous plus réussis les uns que les autres. Nous avons notamment adoré le fait que ces courts métrages soient muets permettant au plus grand nombre de les comprendre.
Enfin, le pavillon américain se distingue des autres par sa façade végétalisée et sa « ferme verticale « ! Très esthétique, cette dernière met en avant l’importance de consommer des fruits et légumes frais. D’ailleurs, la cinquantaine de variétés cultivés ici verticalement l’est également horizontalement dans les jardins de la Maison blanche.
En résumé, nous avons beaucoup aimé ce pavillon pour la multitude de solutions présentées (même si nous n’adhérons pas à toutes), pour l’accessibilité et l’aspect ludique des informations présentées et pour son esthétisme. Le point majeur sur lequel nous tiquons est notamment que la durabilité à la sauce USA est une agriculture 2.0 ultra-connectée et axée sur les sciences et la technologie sous un climat de marché libre … Bref, une pure vision à l’américaine !
Dommage toutefois que les marques soient si présentent … même si discrètes !
Corée du Sud – You Are What You Eat
Entrer dans le pavillon sud coréen, baptisé Moon Jar en l’honneur de la poterie traditionnelle utilisée pour la conservation des aliments, c’est visiter une exposition d’art contemporain. Tout y est soigné et tout a un sens. Pour répondre aux questions soulevées par le thème de l’Exposition Universelle, « Nourrir la planète, énergie pour la vie », la Corée a identifié trois leviers auxquelles la cuisine coréenne répondent :
- la conservation des aliments par la fermentation – nourrir la planète
- l’harmonie entre une alimentation équilibrée et un corps sain par l’Hansik (la nourriture et les rituels qui l’entourent) – l’énergie pour la vie
- le stockage des aliments à l’aide des Onggi – nourrir la planète
La visite commence par la présentation de la fermentation, méthode traditionnelle de conservation des aliments en Corée. Cette méthode permet notamment de préserver certaines saveurs tout en en laissant d’autres se révéler.
L’exposition met aussi en avant l’importance de l’équilibre dans l’alimentation pour un corps sain avec la symphonie de la nourriture : deux bras articulés portant des écrans évoluent dans un ballet de danse harmonieux et gracieux pour symboliser cet équilibre. Magnifique et stupéfiant !
Ensuite, le stockage des aliments avec des Onggi est présenté. Il s’agit de jarres en terre cuite qui étaient autrefois enfouis sous terre pour conserver plus longtemps les aliments.
Enfin, en quittant le pavillon, le visiteur n’est pas dirigé vers la boutique (qui se situe en retrait et qui propose des produits artisanaux de qualité liés à la gastronomie coréenne) mais vers une exposition extérieure dénonçant les dérives de l’alimentation moderne : obésité, épuisement des ressources et des sols et surconsommation de produits industriels.
Nous avons aimé ce pavillon car une réponse concrète est apportée aux problématiques soulevées par le thème d’Expo 2015 tout en mettant en avant les technologies du pays (robotiques et multimédia entre autres) sans pour autant submerger le visiteur d’informations. Un vrai coup de cœur !
Kazakhstan – The Land of Opportunities
De l’extérieur, le pavillon du Kazakhstan semble futuriste, tourné vers l’avenir. A l’intérieur, même impression. Nous utilisons notre « coupe-file » et sommes accueillis comme de véritables VIP. Avant d’aller dans la première salle, l’hôtesse nous présente le site d’Astana. En effet, la capitale kazakhe accueillera Expo 2017 dont le thème est l’énergie du futur.
Puis vient la première claque, une artiste nous narre l’histoire du pays en produisant de magnifiques images avec du sable coloré : elle œuvre derrière un pupitre et son travail est projeté sur un écran géant. Nous sommes aux premières loges. Sa dextérité, le tempo et l’ambiance en font un moment magique …
Nous entrons ensuite dans le cœur du pavillon articulé autour de 5 thématiques :
- la science agronomique
- les ressources naturelles
- la gestion de l’eau
- les technologies agricoles du futur
- l’aquaculture
Certains traitements biologiques contre le locuste (criquet) y sont présentés par exemple ou encore côté nourriture, il est possible d’y déguster du lait de jument fermenté comme en Mongolie, de découvrir les esturgeons qui fournissent une denrée d’exception, le caviar et de contempler la diversité des pommes du pays.
Non loin, la « drone zone » permet de jouer virtuellement avec un drone à la recherche de petites bestioles !
Enfin, la visite se termine par une séance de cinéma 3D qui nous mène du soleil à la future Exposition universelle qui aura lieu à Astana en 2017.
Un système ingénieux et l’utilisation de matériaux spéciaux permettant de capter l’énergie solaire devraient permettre d’alimenter l’ensemble des pavillons d’Expo 2017 en énergie ! Aussi, côté durabilité, une fois l’Exposition terminée, les pavillons seront utilisés comme centre financier pour la capitale kazakh.
Nous nous attendions absolument pas à ce genre de prestation de la part du Kazakhstan. Tout y est : savoir-faire technologique, culture du pays, solutions pour « Nourrir la planète », gestion durable des ressources, etc. C’est en sortant de ce pavillon et en sachant que le pays allait organiser la prochaine Exposition universelle sur le thème de l’énergie que nous nous sommes rendus compte que ces pays dits émergents sont réellement en plein essor et seront des acteurs majeurs très bientôt … si ce n’est pas déjà le cas.
Sultanat d’Oman – Heritage in Harvest
Tout comme le Népal, le Sultanat d’Oman a choisi de mettre en lumière l’architecture traditionnelle et l’identité du pays. Ce pavillon dénote donc dans le Decumano, l’artère principale d’Expo 2015, par sa simplicité. Mais, c’est une toute autre simplicité qui nous a séduite lorsque nous avons visité ce pavillon : celle de solutions techniques proposées pour « Nourrir la planète » et notamment pour préserver l’eau dans un climat aride. Trois ont particulièrement retenues notre attention :
- les filets à brouillard qui captent l’eau par condensation. Ces filets permettent en quelque sorte de récupérer l’eau du brouillard ou de la rosée par exemple.
- un projet colossal de récifs artificiels offrant aux animaux aquatiques un refuge et de meilleures chances pour accroître les stocks de poissons dans les fonds marins.
- l’aflaj, ou un système d’irrigation vieux de 4 500 ans permettant de répartir l’eau par gravité depuis les sources jusqu’aux terres ou aux maisons.
Nous avons été conquis par la simplicité et les multiples solutions proposées par le Sultanat d’Oman tout en nous donnant un aperçu de leurs spécialités comme le miel. Bref, pavillon qui contraste avec celui du Qatar.
Suisse – Confooderatio Helvetica
Le pavillon suisse est sans conteste celui qui nous a le plus surpris. Constitué de quatre tours de quatre étages, ce pavillon invite le visiteur à se servir gratuitement et à sa guise en denrées alimentaires mises à sa disposition : café, pommes séchées, sel et eau.
Déjà un étage de consommé …
Mais, les ressources présentent dans les tours sont limitées et aucun réapprovisionnement ne sera fait.
Surconsommer signifie alors priver les prochains visiteurs de la même possibilité. A l’inauguration de l’Exposition universelle, les visiteurs accédaient au 4ème étage des tours. Grâce à la modularité de la structure, tandis que les réserves diminuent, le niveau des plate-formes s’abaisse permettant au public de visualiser l’épuisement des ressources disponibles. Le visiteur est donc invité à se questionner sur sa (sur)consommation(?) et l’aspect limité des ressources disponibles sur notre planète. Lors de notre visite, le 21 juin (soit le 52ème jour sur 184), nous avons été conduits au 3ème étage.
Ce pavillon, sans doute l’un des plus simples que nous ayons visité, nous a bluffé. La force du message véhiculé par cette exposition invite les visiteurs à réfléchir à leurs comportements et leurs impacts sur les autres et les générations futures.
sources photos : certaines photos sont de nous, d’autres proviennent des services presse concernés, du site http://www.expo2015.org et de DFAE, Présence Suisse pour celles du pavillon suisse |
Etats Unis : je ne comprends pourquoi il est dans votre top 5 ? A part pour le côté « show » ?
Kazakhstan : « Un système ingénieux et l’utilisation de matériaux spéciaux » ? Ça me laisse songeur tant de mystères !?
Il y a des choses qui semblent intéressantes comme le filé à brouillard mais ce qui me frappe dans vos récits et surtout sur les photos c’est le côté « inorganique » de l’Expo portant sur le thème « Nourrir la Planète ». En réfléchissant à cette problématique, j’imagine des arbres, des champs bordés de haies, des animaux, des paysans (pas des miséreux mais des gens qui connaissent réellement la terre), etc … et là je vois des écrans, des robots, des boîtes, des bâtiments à utilisation unique type urbains, des décors de supermarchés, des matériaux froids, etc …
Je me dis qu’il y a un truc qui cloche !
Je vais aller me coucher, perplexe sur notre avenir … sur celui de nos enfants …
Jef,
Les États-Unis sont dans notre top 5, car, même si nous n’adhérons pas forcément aux solutions proposées, ils ont le mérite de proposer des solutions, ce qui n’est pas le cas de BEAUCOUP, pour ne pas dire, la grande majorité des pavillons que nous avons visités. L’information est accessible et compréhensible et nous avons aimé cela – et cela ne nous empêche pas d’avoir un avis mitigé, pour ne pas dire opposé, à ce qui est présenté. Aussi, le « show » présentant la gastronomie américaine vaut vraiment le détour. Idem, je ne pense pas que cela reflète tous les mouvements alimentaires des États-Unis mais c’est tellement bien fait et accessible au plus grand nombre qu’on ne peut que le mettre en avant. A travers ce pavillon, les États-Unis ont su présenter leurs lignes directrices, encore une fois, bonnes ou mauvaises, c’est selon les avis, pour répondre à la question centrale de l’Expo. Ne voyant pas le verre à moitié vide, nous avons voulu mettre en avant ce qui nous a paru positif dans cette visite, ce qui peut amener à ce questionner … Est-ce bien ? Pas top ? Surréaliste ? Au moins, ici, il y a matière à débattre, exposer ces idées, etc. Et objectivement, penses-tu vraiment que l’un des pavillons à apporter une réponse satisfaisante quant à comment nourrir la planète selon mes idéaux ? … 😉
« Un système ingénieux et l’utilisation de matériaux spéciaux » … nous ne sommes pas tombés sur l’expert d’Astana 2017 et les explications fournies par la gentille hôtesse qui s’est occupée de nous n’étaient pas très complètes. Nous aurions sans doute du chercher plus … ou devrions-nous plutôt nous rendre à Astana en 2017 pour en savoir plus ?
Tu vois des robots, hey, Maurice … en ce qui concerne la Corée, nous l’avons dit : ils ont joué le jeu : ils répondent à la question d’Expo 2015 MAIS ils en profitent pour montrer comment il excelle en terme de technologies. Ici, la technique est vraiment au service du message dans la mesure où elle permet de captiver l’audience pour délivrer de l’information (en l’occurrence très organique vu qu’il s’agit de la fermentation et le stockage dans des pots de terre cuite). Contrairement à d’autres pavillons, nous n’avons pas ressenti la technologie comme une fin en soi. Au risque de me répéter, elle était au service du message. Et ça, c’est astucieux.
Nous avons adoré le pavillon suisse, mais nous n’avons pas non plus évoqué le fait que le café proposé dans la salle du café n’est pas du café en grain fraichement moulu, provenant d’une filière respectueuse des hommes, des femmes et de l’environnement, non sur emballé, etc. Non, c’était des dosette de café Nescafé. Rien n’est parfait, mais dans un tel événement, des messages forts arrivent quand même à passer même si les moyens sont perfectibles. On tend vers le mieux, et ça, c’est déjà pas mal. Nos modes de vie, nos actions et nos valeurs ne sont pas toujours en accord. Non ?
Tu vois des choses urbaines, des matériaux froids, etc. Il va sans dire que si nous étions tous prêts à faire « un retour à la terre » ce genre d’événements et de discussions n’auraient pas lieu d’être. Toutefois, je pense qu’il est important d’essayer d’apporter des solutions (étaient-elles présentées ?) en adéquation avec les modes de vie des populations actuelles, majoritairement urbaines. Personnellement, je crois à l’adoption de comportements plus doux pour tout (environnement, hommes, femmes, nous-même, etc.) sans perte de confort et sans contrainte, juste un peu d’adaptation et de redéfinition de nos priorités.
Enfin, il y avait un peu de sensibilisation mettant en avant « des arbres, des champs bordés de haies, des animaux, des paysans » etc. du côté du Slow Food … Super, mais c’était tellement regrettable qu’un seul stand y soit consacré et non pas toute une Expo répondant à la problématique proposée en utilisant les principes du Slow Food … Le Slow Food était « caché » au fin fond du site et l’Expo, bien que le contenu était intéressant, le stand n’était pas attractif. Les supports n’étaient PAS DU TOUT au service du message … du coup, la majorité des visiteurs passent à côté (s’ils arrivent à trouver le stand …).
En gros, il faudrait organiser une contre expo 🙂
Tat
Bonjour, travaillant dans l’agro-alimentaire de masse et connaissant un peu le thème, je vous conseille de regarder les conférences du pavillon France à Milan sur leur chaîne you tube (France expo 2015). J’ai eu le temps de voir que les 20 premières mais c’est très intéressant. Ça montre surtout qu’il y a des gens qui cherche pour assurer un avenir viable à 9milliards d’être humain. Et c’est fou le nombre de solution (même rentable, capitalisme quand tu nous tiens) qui existent. Alors malgré toutes les alarmes qui sonnent, il reste encore pas mal d’espoir. Mais tout va changer d’ici 50 ans.
Merci Pierre-François pour ce lien. Je vais aller voir cela de plus près.
Bien entendu, il existe énormément de solutions en France et dans le Monde. D’ailleurs pour la COP21, la fondation GoodPlanet à sorti son guide LSA « La solution est dans l’assiette » qui recense quelques bonnes pratiques, très intéressant surtout si tu es dans l’agro-alimentaire.
Après, comme toujours, il existe encore beaucoup de « mauvaises pratiques » à tous les niveaux mais espérons que cela évolue …
C’est intéressant de lire votre top, nous n’avons pas du tout eu le même ressenti que vous lorsque nous avons visité l’expo. Vos deux premiers notamment sont dans nos flops. En revanche nous avons beaucoup apprécié des pavillons comme le Maroc ou le Japon.
Et bien sûr nous ne parlerons pas des pavillons 100% axé tourisme et ne répondant pas du tout au thème…
En tout cas c’était ma première Expo Universelle, et elle m’a donné envie d’aller aux suivantes 🙂
Oui c’était aussi une première pour nous et c’est intéressant de voir que chacun la ressent et la vis à sa manière.
Nous nous rejoignons sur un point : les pavillons « touristiques » qui peuvent tout de même s’expliquer par un manque de moyens de certains pays pour développer un pavillon « digne de ce nom ».